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Beauty queen of only 19, she has some trouble with herself...

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Lettres à l'absente, ou la souffrance de perdre un enfant

Aujourd'hui, j'ai lu les "lettres à l'absente", de Patrick Poivre d'Arvor, mieux connu sous  le pseudonyme de PPDA, et grand journaliste français.

Pour la petite récapitulation de rigueur, sa fille, Soleen, est morte d'anorexie mentale, une maladie qui signifie, en résumé, que l'on refuse catégoriquement de se nourrir, par dégoût, surtout, mais sans doutes aussi, que ce soit conscient ou non, par désir de souffrir. Selon les médecins, l'anorexie mentale survient souvent à la suite d'une mort non acceptée, la mort d'un proche, d'un ami, d'un parent ou d'une soeur, comme c'est le cas pour elle. Une soeur aînée qu'elle n'a jamais connue mais dont la mort, selon toute vraissemblance, à laissé en elle des traces indélébiles...

J'ai été surprise, étonnée, et surtout touchée de voir qu'une personnalité connue, personnes que l'on imagine la plupart du temps heureuses, de par le seul fait qu'elles sont célèbres et riches, et aimées de millions de gens, puisse être aussi sincère, aussi seul dans sa détresse et dans sa souffrance, aussi démuni face à la déchéance de la personne qu'il aime sans doutes le plus au monde. Ces lettres, empreintes d'une telle douceur et d'une telle sincérité, mais néanmoins non dénuées de rage de vivre, ou de survivre plutôt, et de la traîner avec lui dans cette survie, de la sortir de cet hôpital, de cet enfer où elle se trouve, et de cette maladie, surtout, ces lettres m'ont laissées un goût étrange dans la bouche, un goût de métal qui voulait dire que la vie était injuste, impuissante devant la douleur d'un père, et de longues traînées noires sur les joues.

Ainsi, on se croit invincibles, on est les maîtres du monde, mais tout ça n'est qu'illusoire. Il y a, il y aura toujours un grain de sel qui fera défaillir la machine, toujours des personnes plongées jusqu'au plus profond de leur coeur dans une détresse innomable, inexplicable, une détresse qui ne devrait pas exister, et en lisant, en relisant parfois certains passages tellement poignants, on s'attache forcément à cette fille qui lutte pour survivre à la maladie, et à ce père qui lutte, lui, pour survivre à sa douleur, et on se demande pourquoi.

Pourquoi? C'est sans doutes la question que l'on se pose le plus souvent, tout au long de notre vie, et aussi celle à laquelle on trouve le moins souvent de réponse satisfaisante. Pourquoi certaines personnes souffrent-elles à ce point? L'ont-elles, d'une façon ou d'une autre, forcément mérité, dans cette vie ou dans une autre? Est-ce le destin, ou simplement le hasard qui s'est abattu sur eux? La vie est-elle vraiment comme un jeu de carte, basculant au moindre coup de vent, ou chaque moment de notre vie est-il la suite logique d'actes que nous avons commis, bons ou mauvais? Si Dieu existe, pourquoi permet-il que de telles choses arrivent sur cette terre? On ne devrait jamais voir mourir ses enfants...

Non, on ne devrait jamais voir mourir ses enfants, c'est la pire chose qui puisse exister au monde que de voir mourir la chair de sa chair, la personne que l'on aime sans doutes le plus au monde, celle que l'on imaginait comme étant notre futur, et pour qui nous essayions de remettre un peu le monde en état, celle en qui nous fondions tous nos espoirs. Pourquoi? Pourquoi permet-on que notre futur devienne soudain le passé, que des bébés, des enfants ou de jeunes adultes meurent alors que nous donnerions volontiers notre vie pour les sauver? Ils ont la vie devant eux, et soudain tout s'arrête, et alors, après les pourquoi viennent les comment...

Comment survivre à la mort de son enfant? Comment se passe la vie après la mort? Comment continuer à vivre, à se battre, à respirer quand la vie n'a plus aucun sens?

Mais on continue à respirer, on continue à se lever chaque matin, à manger, à boire, et après un certain temps, on recommence même à sourire aux autres, parfois, parce que c'est la vie, et on se dit que si on en avait eu le courage, peut-être qu'on se serait suicidé, mais on ne le fait pas, parce que, oui, la vie continue, et qu'elle doit continuer...

Et on supporte la douleur

Il y a d'ailleurs, au début du livre, un extrait de Cioran, "le livre des leurres", tres vrai là-dessus, pour la plupart d'entre nous, à des degrés divers...

"Il n'y a pas de moyen plus efficace de supporter la douleru que la mortification et l'autotorture. La douleur te ronge, te sape et t'engloutit? Frappe-toi, giffle-toi, fouette-toi jusqu'à ce que tu éprouves des douleurs plus épouvantables. Certes, tu n'en triompheras pas de cette façon, mais tu la supporteras et tu en tireras bien plus qu'en l'acceptant médiocrement. Offre ton corps à la mortification, embrase-le que le feu en sorte, bande tes nerfs et serre les poings comme pour tout casser, comme pour embrasser le soleil et repousser les étoiles"

Souffrir pour oublier la souffrance, quelle contradiction, mais finalement, la douleur physique est toujours moins difficile à supporter que la déchirure d'un coeur, alors si elle peut nous la faire oublier, ne serait-ce que pour un instant, peut-être que ça en vaut le coup? Mais non, c'est écrit noir sur blanc, on n'en triomphe pas de cette façon, on retarde juste le moment fatidique de la prise de conscience de la détresse, de la solitude que la perte de cet être cher laisse dans notre coeur, et cette détresse à rebours n'en est que plus difficile à supporter, éloignée du deuil des autres, et on se sent alors encore plus seul, enfermé dans notre tristesse, démuni au fond d'un gouffre d'où les autres ont déjà commencé à remonter la pente...

Ce soir, je repense aux être chers que j'ai perdu...

A ma grand-mère, si peu connue mais tant aimée,
A Alysson, que personne ne pourra jamais remplacer,
A Olivier, mort trop jeune, lui aussi,
Et à toutes ces personnes qui ne méritaient sans doutes pas de rejoindre le ciel avant d'avoir pu goûter le dixième des plaisirs, des joies et des bonheurs que leur réservaient la vie,

Je repense à ce livre, aussi

Et je me sens seule, seule au fond d'un gouffre dont tout le monde à déjà remonté la pente depuis longtemps. Ca fait si longtemps que tous ces deuils devraient être derrière moi, mais pourtant ils me manquent encore tellement. Mais Patrick Poivre d'Arvor le dira mieux que moi;

"Tous les soirs, je t'aurais écrit un poême. Pour tromper ma solitude, je t'aurais imaginée sous le plat-bord, tout près de la table à cartes. Je t'aurais parlé, j'aurais imaginé tes réponses. Petite passagère clandestine, tu me manques"

Nous sommes tous des passagers clandestins sur cette terre,
Tous les étrangers d'un monde qui n'appartient à personne...

Bubblegum

Ecrit par BubbleGum, le Jeudi 17 Février 2005, 21:48 dans la rubrique "What about myself?".

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Commentaires

une autre clandestine...

absente

absente

17-02-05 à 22:16

Ton article m'a touché....j'ai fais de l'anorexie j'ai lu "elle n'tait pas d'ici" de patrick poivre d'avor , trés touchant aussi...

J'ai remplacé un mal par un autre je suis maintenant boulimique et aussi quand la douleur est trop forte alors...comme c'est écrit dans  "le livre des leurres" de ton article, alors je me frappe, je me griffe , je me coupe....

Voila en plus ce soir je n'avais pas la forme pff excuse moi de me vider ici

Trés belle article cependant en éspérant de ne pas l'avoir gaché avec mon commentaire!

Bisous doux...


Re: une autre clandestine...

Etoile-Filante

Etoile-Filante

17-02-05 à 22:31

Absente.... Juste une pensée pour toi..... (k)


Re: une autre clandestine...

bubblegum

bubblegum

23-02-05 à 20:28

Je n'ai pas encore lu "elle n'était pas d'ici", mais à mon avis, après avoir lu celui-ci et avoir été touchée à ce point, je risque de lire tous les autres livres de PPDA l'un après l'autre...

Je ne prétends pas connaître les maladies que sont l'anorexie et la boulimie, et je n'ai sans doutes aucun conseil intelligent ou utile à te donner là-dessus, et je suppose que chacun vit ça personnellement, pour ses propres raisons et de sa propre façon, mais si tu as simplement besoin d'en parler à une personne extérieure à ton entourage, avoir un avis un peu plus objectif ou simplement te vider le coeur et l'esprit de tout ce qui ne va pas sans devoir redouter les conséquences, je suis régulièrement sur msn, alors...

Bubblegum


Re: Re: une autre clandestine...

absente

absente

23-02-05 à 21:39

Merci de ta réponse , t'inquiéte si je ne cherche ni conseils intelligents ou utiles^^

Juste que ton article m'avait frappé...je n'est pas choisi mon pseudo par hasard...^^

Bisous doux


Re: Re: Re: une autre clandestine...

absente

absente

23-02-05 à 21:44

zut, me suis trompé enléve le "si" ds ma premiére phrase et je te donne mon msn polly254@hotmail.com tu fait ce que tu veux.. c'est ça que je voulais te demander aussi étoile filante.

Voila, bisoux doux


Etoile-Filante

Etoile-Filante

17-02-05 à 22:24

Très joli article..Et surement très beau livre.. Hier soir, sur france 3, ils ont parlé de ça, de Solenn.. Et je m'étais dit qu'il fallait que je les lises ces livres..

Je me retrouve un peu dans cet article, d'une certaine façon.. Souffrir pour oublier la souffrance..

Bonne soirée, et merci pour cet article.. :)


Re:

Feerange

Feerange

19-02-05 à 20:55

On se dit "tous uni", une patrie, mais chez nous, dans notre canapé, on ne sait même pas que nos voisins sont entrain de souffrir...

Et ceux qui cri "à l'aide" on pense d'eux qu'ils sont pas assez combatifs...

Faudrait peut-être arrêter d'être narcissique, et s'ouvrir un peu plus aux autres...


Re: Re:

absente

absente

19-02-05 à 21:47

c'est pour moi que tu dis ça?? :$


Re: Re: Re:

Feerange

Feerange

20-02-05 à 11:13

Non je parle des gens qui crachent sur le mal être des autres alors que ça coûte rien de donner un coup de main, tu n'es pas visé.


Re: Re: Re: Re:

absente

absente

20-02-05 à 13:20

oki pardon lol je sais pas pkoi jme sens tjs visée :p

autant pour moi!

Bisoussss


Re: Re: Re: Re:

BubbleGum

BubbleGum

23-02-05 à 21:13

Tu as raison, certaines personnes se complaisent à dénigrer les gens malheureux, mais je pense qu'au fond, c'est moins de la méchanceté pure qu'une façon de se rassurer sur sa propre situation, de se dire qu'au fond, on est pas si mal dans sa petite vie...

Les gens qui font ça pensent d'une certaine manière conjurer le sort. Ils ont peur de souffrir et espèrent sans doutes que leur cynisme apparent crée une barrière entre eux et le malheur, ils se croient invulnérables, invincibles... et, la plupart du temps, retombent de haut, un jour ou l'autre

Bubblegum


Re: Re: Re: Re: Re:

Fée&Ange

26-02-05 à 12:32

Tout à fait d'accord.


Re: Re:

BubbleGum

BubbleGum

23-02-05 à 20:41

Oui, tu as raison...

Combien de fois n'avons nous pas eu un petit sourire narquois en voyant quelqu'un pleurer, sur le banc d'un parc, en se demandant quel petit malheur pouvait bien le mettre dans cet état, combien de fois n'avons nous pas appris par hasard la détresse d'un ami que l'on croyait pourtant bien connaître...

J'ai longtemps cru que d'une façon ou d'une autre, on influençait toujours le cours de notre vie, par nos actes, nos choix, notre façon d'être et que, par conséquents, les bonheurs ou les malheurs qui nous arrivaient n'étaient que la conséquence de nos propres actes, indirectement, notre propre faute...

Après avoir lu ça, je ne sais plus... il est plus rassurant de croire que tout dépend de nous, que l'on est seul maître de notre propre vie, mais est-ce vraiment vrai? Si c'était le cas, j'ose espérer qu'il y aurait moins de malheur sur terre... mais si ce n'est pas le cas, j'ai du mal à admettre qu'il puisse avoir 'autre chose' qui décide de ce que je vivrai, de ce qui m'arrivera demain, ou dans quelques années...

J'ai horreur de ces questions philosophiques qui nous tombent dessus par hasard et dont l'on arrive plus à se défaire avant d'en trouver la réponse... Que l'on ne trouve la plupart du temps jamais.

Bubblegum


Re:

BubbleGum

BubbleGum

23-02-05 à 20:34

Souffrir pour oublier la souffrance, oui...

Je ne sais pas si cela marche vraiment, si une souffrance en efface une autre, ou tout du moins l'annihile, mais si c'est vrai, alors pourquoi pas...

Personellement, chaque fois que j'ai souffert, j'ai eu besoin de me recentrer, de partir quelques jours seule, sans donner d'adresse ou de numéro de téléphone, pour réfléchir clairement à ce qui m'arrivait, et pleurer toutes les larmes de mon corps. Il arrive un moment ou même la réserve de larmes se tarit et où l'on ne peut plus pleurer, même si on voudrait. On se sent vidée et plus rien n'a d'importance, et là on se dit qu'on peut repartir, que la vie n'est pas finit et on commence sans doutes à remonter la pente, lentement, très lentement même...

Je crois qu'il y a des pentes que l'on ne remonte jamais totalement, alors on se force à continuer à faire comme si de rien n'était, à sourire aux gens qui comptent pour nous, à aimer, à rire, à vivre, tout simplement, et la plupart du temps, on y arrive plutôt bien, jusqu'à ce qu'une phrase, une photo, une chanson ou quoique ce soit d'autre nous fasse retomber tout au fond du gouffre, et alors tout est à refaire...

Ce n'est pas à moi qu'il faut dire merci pour l'article, mais plutôt à Patrick Poivre d'Arvor pour son livre, parce qu'il nous permet de relativiser un grand nombre de petites choses qui nous arrivent et que l'on croit insurmontables, et puis on lit son malheur, à lui, et tout à coup tout ça nous paraît sans importance, ou presque, face à la perte de sa fille. C'est un livre que je conseille à tous ceux qui ont parfois du mal à dire je t'aime aux personnes qu'ils aiment, parce qu'en lisant, on se rend compte qu'un jour il sera trop tard pour le leur dire, et alors on se lance...

Bubblegum


Songe

Songe

20-02-05 à 15:13

Bubblegum,

Je voulais prendre un peu de temps pour ne pas répondre trop promptement à un article dans lequel tu as mis toutes tes émotions du moment et duquel je préfère m'imprégner dans ma réponse.

Je pense souvent à cette perte quand je vois PPDA à la télévision, en voyant son air taciturne et ombrageux qui ne se fend que rarement d'un franc sourire et je me demande toujours à quel point on peut dépasser la perte d'un enfant, si même il est possible de se défaire d'une pensée quotidienne pour telle ou telle raison, en telle ou telle circonstance susceptible de le rappeler. Dans ces cas, il est toujours souhaitable que d'autres enfants soient encore là pour détourner la pensée de la perte et la concentrer sur la nécessité de donner du bien-être et vivre encore du bonheur avec ceux qui demeurent.

Je crois qu'effectivement certaines personnes sont attachées viscéralement à leurs maux, comme une marque d'identité qui les légitiment et leur donne plus de substance que le vide de la désillusion et du désintérêt de tout. J'en connais certaines et je sais comme la lutte est âpre, voire désespérée pour les extraire d'un mal de vie qu'elles ne souhaitent pas abandonner; il est difficile de ne pas les aider et usant voire destructeur de le faire. Mais le simple fait que parfois un déclic se produit chez certaines justifie tous ces efforts, toute cette peine. J'essaye de toujours refouler la pensée que l'effort que je fournis pour certain(e)s est vain et me détourne d'investissements plus utiles et constructifs; il est difficile d'accepter à un moment de ne plus rien pouvoir ou devoir faire, pour préserver ses autres amis ou son propre équilibre. Mais comment ne pas penser à chaque moment qu'on doit faire tout son possible pour ne pas souffrir du remord de ne l'avoir tenté quand se produit l'irréparable : c'est un grand dilemne duquel la conscience a du mal à s'extirper heureusement.

Je ne me prononcerais pas sur l'idée de Dieu parce que je suis un sceptique absolu qui ne conçoit pas son existence mais ne se permet pas non plus de la nier; je me contente de penser que le Dieu tel qu'il est pensé et décrit n'est pas cohérent et ne correspond ni aux justifications humaines ni à la réalité du vécu terrestre. Mais c'est un long débat sur lequel les scolastiques se sont écharpés assez longtemps pour que je ne m'étende pas dessus. Je me contente de m'appuyer sur moi seul même si ça signifie que je n'ai rien à prier dans mes moments de faiblesse, que je n'ai pas de sein divin qui accueille mes peines mais que c'est à ma seule force intérieure que je m'en remets. Ca évite de se poser la question du "pourquoi cela est-il possible ?" en lui substituant la pure contingence : les choses n'ont pas d'ordre cohérent et arrivent chaotiquement, sans justification, juste par permanent accident d'évolution. Ca restitue le pouvoir de décision et de changement à l'homme et fait prendre conscience que la prise de ce pouvoir sur sa vie et la vie en général est la seule condition à une évolution positive. Les choses arrivent et on peut seulement prendre garde au mieux à l'attention qu'on témoigne à ceux qui nous entourent et agir chaque jour de sa vie au mieux des intérêts communs avec le moindre mal fait.

J'admire les parents qui font de cette perte une lutte contre les maladies, les causes qui ont entraîné la disparition de leurs enfants; ils sont souvent les artisans des plus grands progrès par la détermination qu'ils adjoignent à leur rage dans la lutte. Je crois que c'est la colère qui souvent est salvatrice, l'esprit de revanche sur la vie ...

Ce n'est pas étonnant que Cioran soit cité en début d'ouvrage, c'est un homme d'un cynisme stupéfiant et dont la pertinence et le réalisme des propos colle des frissons. Je le déconseille en cas de dépression ou déprime, encore qu'il est rassurant de voir exprimé crûment ce que l'on n'ose penser ouvertement.

La souffrance ne s'enfouit pas, elle se vit pleinement à un moment ou un autre jusqu'à ce que tout le corps et l'âme se soient mortifiées dans leur lutte pour s'en extraire et la dépasser. La douleur s'accepte puis se dépasse, l'enterrer c'est l'entretennir jusqu'à l'explosion ou jusqu'à s'aigrir de la retrouver trop souvent dans les efforts que l'on fait pour s'en détâcher. Mais maintenant je crois qu'il faut un coeur étranger généralement pour absorber cette souffrance vive et avouée sinon elle est comme une blessure qui n'en fini de saigner et suinter et qui vide de l'énergie qu'on pourrait employer à tenter de la cautériser. Mais qui a assez confiance pour confier sa vulnérabilité à un tiers ? Et en qui peut-on placer assez de confiance pour qu'il fasse pour nous ce travail que l'on ne se sent pas capable de faire par soi-même. Je crois que les psychologues trahissent un peu cette confiance en se faisant des éponges qui ne font qu'absorber le surplus la plupart du temps et qui eux-même ne diffusent pas assez de vitalité pour redonner goût à l'existence à ceux qui l'ont perdu.

Je te souhaite de trouver soit la force de dépasser cette souffrance, soit une personne en qui tu puisses placer assez de confiance pour la dépasser avec toi et t'accompagner jour après jour avec attention et délicatesse hors du gouffre ...

La fin de ton texte m'émeut profondément et je ressens cette douleur larvée qui continue de faire son chemin derrière les mots qui expriment la perte. Si j'avais les bras assez long pour embrasser la terre, je le ferais, mais je n'ai déjà pas assez d'yeux et de mains pour avoir toutes les attentions que j'aimerais.

Je t'embrasse

Un Songe qui pense à toi au-delà des mots ...


Re:

BubbleGum

BubbleGum

23-02-05 à 21:59

Mon Songe,

J'ai hésité avant de te répondre, parce que je ne savais pas quoi dire. Que peut-on bien trouver à répondre à de telles phrases, si complètes et si vraies? Je n'ai toujours pas trouvé la réponse à cette question, mais comme tellement de questions me restent sans réponse en ce moment, j'ai décidé de me lancer. Advienne que pourra...

Tu as raison, j'ai mis beaucoup d'émotions dans cet article, simplement parce que ce livre retenait tellement d'émotions, tellement de phrases, de situations que j'ai presque eu l'impression de revivre que ça m'a rouvert une plaie que je croyais fermée depuis longtemps. Mais certaines plaies ne se cicatrisent jamais, certaines pentes ne se remontent jamais non plus, et là, je suis retombée au bas de la pente, et j'en suis revenue au point où je regarde chaque soir nos photos en me demandant pourquoi...

Pourquoi? Encore une question sans réponse. On pense toujours que ça n'arrive qu'aux autres, que le malheur leur est réservé, et puis le jour où ça nous tombe dessus, on tombe de haut, et ça fait mal. Très mal.

Je ne sais pas si certaines personnes se complaisent vraiment dans la souffrance, mais elles s'en servent plutôt comme d'un armure, d'un bouclier pour éviter encore pire, ou peut être qu'elles se complaisent dans leur rôle de victime, dans leur place central au sein de leur entourage, qu'elles aiment les attentions dont elles sont l'objets, les petits mots rassurants, encourageants, et qu'elles ont peur de perdre cette place privilégiée si elles remontaient la pente. Un peu comme les enfants qui, dès qu'ils sont un peu malades, vont se réfugier dans les jupes de leur mère à la recherche de calins et rechignent à les quitter une fois la fièvre partie. C'est un comportement que je peux comprendre, même si je n'en suis pas adepte. J'ai personnellement horreur des regards condescendants que l'on réserve aux personnes au regard triste, l'air de dire "mon dieu, tu n'as vraiment pas de chance, pour rien au monde je n'échangerais ma place avec la tienne"..., et des petites phrases toutes préparées que l'on sort dans ces cas là. Les "ça ira mieux", "dis-toi que ça ne peut pas être pire, que les choses vont forcément s'arranger", "il faut que tu sois forte" ou autres "si tu as besoin de parler, je suis là", tout en espérant que jamais on ne téléphonera en larmes pour parler vraiment, parce que ça leur ferait perdre un peu de leur si précieux temps...

Aider les autres ne fait plus partie des occupations des gens modernes. Eux, ils se contentent de proposer leur aide, mais disparaîssent bien vite lorsque celle-ci est vraiment nécessaire, de peur, sans doutes, que le malheur soit contagieux, ou en tous cas c'est l'impression que j'ai de la vie actuellement, et l'image que je risque d'en avoir pendant de nombreuses prochaines années, car, vraiment, à la fin, la seule personne sur laquelle on peut vraiment compter, c'est nous-même, je l'apprends chaque jour un peu plus. Petite, je croyais encore qu'on pouvait avoir confiane en Dieu, que lui serait là si quelque chose ne tournait pas rond, qu'il nous écouterait religieusement (c'est le cas de le dire), et répondrait à nos attentes, directement ou indirectement. Maintenant, je pencherais plutôt du côté des agnostéistes, pour ne pas dire athée. Comme toi, je trouve toutes ces histoires bien trop incohérentes pour être vraies... mais alors, si Dieu n'existe pas, et par extrapolation, le Paradis non plus, qu'y a-t-il après la mort? J'ai du mal à accepter l'idée qu'il n'y ait rien...

Je ne connaissais pas Cioran. Maintenant, je risque de devenir adepte, pour ne pas dire fan. J'aime le cynisme. C'est l'humour le plus réaliste de nos jours, une façon comme une autre de cacher ses peurs derrière une façade d'indifférence, et de faire de l'esprit en même temps. Et que ferions nous, nous les filles, sans esprit. Déjà que les hommes n'en ont pas ;o)

La souffrance ne s'enfouit pas, non, tu as raison. Mais parfois, elle se cache, qu'on le veuille on nous, elle s'insert en nous par le moindre de nos pores et ne veut plus en sortir. Parfois, on la cache, on la masque derrière une façade de fond de teint et un joli sourire colgate, et tout le monde est persuadé que tout va bien. Tout le monde sauf nous, parce que nous on sait que le soir, une fois finies toutes ces soirées, paillettes et hauts talons, on va craquer et repenser à tout ce qui nous manque maintenant que l'autre n'est plus là pour le partager avec nous. Voilà pourquoi parfois, je quitte une soirée au moment où la fête bat son plein, sans prévenir personne. Parce que je me rends compte à ce moment là que j'étais en train de la chercher du regard dans la salle, que je m'attendais à la voire arriver deux vodkas à la mains et le sourire aux lèvres, et qu'alors, son absence m'est insupportable. Mais ça, personne ne le remarque jamais, et je prétexte un soudain mal de tête, où un autre endroit branché où l'on m'attendait, et ça passe toujours. Mais les larmes, elles, ne passent pas, et la souffrance est dure à dépasser, même si elle s'estompe au point que parfois, le soir, je me rends compte que je n'ai pensé qu'une ou deux fois à elle durant la journée, et je m'en veux, parce que j'ai peur qu'un jour le souvenir de son visage devienne flou dans ma mémoire et qu'il ne me reste plus rien d'elle. Parce que ce jour là, elle sera vraiment morte...

Mais la vie continue, et ces moments de relâchement, de déprime passagère ne font que ponctuer une vie que j'aime assez, et qui me convient, une vie dont je ne peux absolument pas me plaindre. Je ne veux pas passer pour une victime en disant qu'elle me manque, simplement laisser ici une autre trace d'elle, indélébile, parce qu'écrire cela me permet d'y repenser avec le sourire, de me souvenir de tant de moments inoubliables et de rire une dernière fois de ses blagues idiotes qui, même si elle n'est plus là pour me les raconter, raisonneront toujours dans ma tête

Les souvenirs ne sont pas faits pour pleurer, ils sont tellement beaux.

Bubblegum


Réponse à Bubblegumm

BRASSEUR

11-04-07 à 17:30

<p>Merci pour ton article. Rudolf, mon fils de 22 ans nous a quitté dans un accident de la route dont nous n'avons pas compris le "pourquoi" le 5 avril 2005. Depuis, je suis désemparée. Je vis, oui, je souris aux autres, je travaille aussi, mais je me lève chaque matin comme une étrangère en ce monde, le film se déroule et je n'en fais plus partie. J'ai très souvent, ces temps-ci, envie de mourir, de le rejoindre. La solitude au milieu des autres est infinie. Leur bonheur apparent est une douleur insupportable. Ton article me rend moins seule, tu as tout compris, toute la douleur, toute la détresse, tout ce qu'aucun mot ne dira lorsque l'on perd son enfant.</p><p>Merci de t'avoir rencontrée aujourd'hui. L'horrible souffrance demeurera jusqu'à mon dernier souffle et tant que je vivrai, la grande silhouette toute simple et sage de Rudolf m'accompagnera.</p><p>ForAngel</p>


Re: Réponse à Bubblegumm

Anonyme

01-08-07 à 14:21

Il ya juste 9mois,le temps d'une grossesse! le remettre au monde,est-ce possible meme au prix de ma vie. alors qu'il ne s'etait jamais plaint d' aucun mal, Zinou est mort subitement,une fatalité absolue,cela dura peut etre quelques secondes il n était plus là!comment accepter ,comment comprendre,pourquoi, pourquoi?lui ,si amoureux de la vie! .Je pense qu'on se remet jamais d'une perte aussi cruelle;maintenant je vis les yeux ecarquilles sur son souvenir de peur de le perdre;Bientot ,l' anniversaire de sa mort,je ne veux pas vivre  avec cette horloge dans la tete...le secret d' oublier ?O'u est-il sans l'alzaimer?.


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